Lors de nos différents voyages en Inde nous en avons croisé quelques-unes, surtout au Gujarat (notre dernier voyage début 2020) où nous avons pu nous baigner dans cette culture tribale. Nous avons apprécié ces rencontres avec les Rathwas, les Nayakas et les Bhils dans leurs vêtements colorés. Nous étions à Kavant, partie du Gujarat, frontalière avec le Madhya Pradesh, qui abrite une myriade de peuples qui ont gardé leurs traditions et mêlé leur religion à l’hindouisme omniprésent. Ce voyage nous a permis, à chaque étape de notre circuit, de rencontrer toutes sortes d’artisans doués d’un savoir-faire exceptionnel, de fantaisie, et de différences.

L’Inde compte environ un milliard d’habitants dont soixante-dix millions qui vivent toujours selon des coutumes tribales traditionnelles. Désignés par le nom d’Adivasi (habitants originels), mais qui appartiennent à des tribus précises, ils font remonter leurs origines à l’époque préaryenne du sous-continent. Jusqu’à une période récente, ils se sont tenus à l’écart des grands empires qui se sont développés en Inde échappant ainsi à leur influence.

L’Inde comprend plus de 500 tribus répertoriées qui parlent plus de 40 langues différentes, et qui suivent des coutumes et des rituels religieux anciens. Ils ont leurs marchés, et chaque tribu a de nombreuses spécialités. Ils vivent en marge de la société et conservent leur style de vie propre.

 La plupart vivent dans des régions couvertes d’épaisses forêts peu accessibles, ne se prêtant pas à un développement urbain, comme le sud du Bihar (que nous avons également visité), l’ouest de l’Orissa, certaines parties du Madhya Pradesh, les îles Andaman et les Etats du Nord-Est.

Quelques tribus, tels les Jarawa des Andaman, subsistent grâce à la chasse et à la cueillette au sein des communautés qui ne dépassent pas 500 membres. D’autres représentent la quasi-totalité de la population de l’état où ils vivent, comme les Mizo du Mizoram ou les Naga du Nagaland, qui ont adopté la religion chrétienne et les habitudes occidentales.

La menace qui pèse sur la vie tribale en Inde, remonte surtout à l’époque de l’empire britannique. D’ailleurs, les Adivasi revendiquent une participation active à la lutte contre les Britanniques. Les Toda des monts Nilgiri, au Tamil Nadu (état que nous avons aussi visité) possèdent une culture riche, centrée sur leurs buffles. Les traditions ont beaucoup souffert de la proximité des colons britanniques et des Indiens hindous. En revanche les Bhil originaire du Sud du Rajasthan (encore une très belle expérience) entretiennent depuis des siècles des relations étroites avec les souverains de Mewar. Chez les Abor et les Apatami, qui vivent dans le l’Arunachal Pradesh (nord-est de l’Inde), la confrontation entre traditions et modernité crée des tensions toujours plus exacerbées. Ce sont peut-être les Santhal (trois millions d’individus au Bengale occidental et au Bihar) qui personnifient le mieux ce tiraillement.

Au XIXème siècle, des prêteurs sur gage hindous sans scrupules dépossédèrent les populations tribales de leurs terres, à tel point que celles-ci se rebellèrent en 1855-1857. Au XXème siècle, elles ont ensuite bénéficié du mouvement d’industrialisation naissant. A l’heure actuelle, la plupart des tribus de l’Inde s’ouvrent au reste du pays, cependant nombre d’entre-elles sont confrontées à un problème d’acquisition des terres, où elles vivent depuis des siècles. Si elles acceptent relativement bien certaine assimilation, elles refusent d’être dépossédées de leurs terres et utilisées comme main-d’œuvre bon marché. Il faut savoir que les tribus répertoriées sont représentées au parlement.