Pataliputra fut la plus grande cité du monde, deux fois plus grande que Rome à l’apogée de son empire, cinq siècles plus tard !
Le premier grand empire de l’histoire de l’Inde fut créé par la dynastie Maurya, lorsque Chandragupta s’établit à Pataliputra en 320 avant J-C. Vers 305 avant J-C, son territoire couvrait l’essentiel de l’Afghanistan, le Baloutchistan et la vallée de l’Indus. Chandragupta abdiqua en faveur de son fils, Bindusara, puis rejoignit un groupe de moines jaïns. Il se rendit en leur compagnie dans le Sud de l’Inde, où l’on raconte qu’il se laissa mourir de faim, selon le plus noble idéal d’austérité spirituelle jaïn. Auparavant, il fut secondé dans la fondation de son vaste empire par son ministre, Kautilya, auteur du brillant manuel sur la fonction royale, l’administration politique, la politique étrangère et la diplomatie intitulé ARTHA SHASTRA (Science des Objectifs).
Sous le règne de de Chandragupta, Pataliputra fut la plus grande cité du monde, deux fois plus grande que Rome à l’apogée de son empire, cinq siècles plus tard !
En 261 avant J-C, Ashoka, petit-fils de Chandragupta, entreprit de consolider la frontière orientale de l’empire. Les ravages et les carnages qui s’ensuivirent lui causèrent du remords : cent mille déportés et non moins de plusieurs centaines de milliers de morts, il se tourna alors vers la foi bouddhique, renonça à la guerre et s’efforça de convertir les peuplades de son empire à un code d’éthique. L’héritage d’Ashoka est grandiose et toujours dans l’actualité puisque l’état Indien a adopté comme symbole officiel sa colonne impériale. Lors de notre voyage « sur les traces du Bouddha » nous avons pu admirer bon nombre de ses œuvres. Les chercheurs estiment qu’il cherchait surtout à créer une culture de l’unité dans des terres ou de nombreuses fois coexistaient. Il y avait bien quelque chose de religieux dans tout cela mais pas uniquement bouddhiste, puisque les décrets encourageaient à respecter toutes les pratiques et croyances spirituelles. C’est l’essence même de l’Inde !
L’empire ne lui survécut pas. Des marchands kushana établirent des relations commerciales avec Rome, et leurs rois (généralement bouddhistes, mais parfois aussi versés dans le culte de Shiva) fondèrent la grande université de Taxila, dans l’actuel Afghanistan. Dépourvue de grande formation politique stable entre le deuxième siècle avant J-C et le troisième siècle après J-C, l’Inde connut toutefois une forte activité culturelle, philosophique, littéraire et commerciale. Des œuvres majeures de tous genres furent composées à cette époque : des fragments du Ramayana et du Mahabharata, le code juridique des Lois de Manu (Manu Smrti, il s’agit d’un traité du Dharma rédigé par des brahmanes. Le dharma renferme les lois et les règles de conduites) ou encore les textes essentiels des écoles philosophiques, dont le bouddhisme mahayana. Le Nord de l’Inde était à la croisée des chemins des routes commerciales d’Asie. Dans le Sud du pays, de petits royaumes pacifiques se constituèrent de gigantesques excédents commerciaux grâce aux épices et autres marchandises précieuses qu’ils vendaient aux Romains. On a découvert, dans le pays Tamoul (Tamil Nadu est un état du Sud de l'Inde = pays des Tamouls), d’importants stocks d’or, dont plusieurs appartenaient à un roi Pandya du 1er siècle de notre ère, surnommé le « Pandya de la ville de Rome » (Pandya est un ancien empire tamoul d'Inde méridionale).