De tous les tissus indiens, les châles en cachemire sont sans doute les plus connus. Les plus remarquables furent tissés au Cachemire du XVème au XIXème siècle avec des toisons de laine provenant de chèvres originaires de Mongolie. Les Moghols et d’autres dynasties les recherchaient pour leurs motifs floraux complexes et leur finition parfaite : chaque pièce exigeait une douzaine de spécialistes, et sa confection pouvait durer plusieurs mois.
Très à la mode en Europe à partir des années 1770, le châle en cachemire devint un accessoire indispensable du bon goût, surtout en France. Un siècle plus tard, il perdit une partie de son prestige et se banalisa avec la production en série et à bas prix par les métiers à tisser Jacquard. L’étoffe que l’on appelle pashmina (du persan pashm soit laine) n’est qu’une pâle imitation des glorieux textiles de jadis et de la qualité du tissage qui prévaut encore aujourd’hui en Inde.
Les tissus sont composés de diverses variétés de coton, de soie ou de laine.
Le coton est disponible sous forme de mousseline, de khadi prôné par le Mahatma Gandhi (tissu traditionnel indien filé et tissé à la main, agréable à porter car il est frais en été et chaud en hiver), ou de tissu filé industriellement mais tissé de façon artisanale. Les Indiennes portent les étoffes en drapées plutôt que coupées et cousues. En quelques minutes elles en font un châle, un sari ou un lunghi (rectangle de tissu arrangé et noué autour de la taille, il est encore aujourd’hui porté par une grande partie de la population indienne).
Ces tissus sont quelquefois richement brodés (vestes, jupes, chemises, chapeaux, chaussures). Lors de notre voyage au Gujarat nous avons participé de nombreuses fois au filage, tissage, teinture, broderie de toutes ces magnifiques étoffes. Le tout fait main avec un savoir-faire incroyable dans toutes les techniques. Le Gujarat est le fief de Gandhi, du coton et des tissus ! Beaucoup de nos professionnels européens vont choisir leurs tissus sur place, et vérifient la qualité sur les champs de coton.
L’activité du tissage remonte à la civilisation de l’Indus. Dans les années 1630, les Britanniques s’établirent à Madras afin d’acheter du coton aux tisserands locaux. On estime à 7 millions le nombres d’artisans qui se consacrent au tissage du coton en Inde. Dans le Karnataka, la sériculture (élevage du ver à soie) et le tissage de la soie ont été introduits par les moines bouddhistes venus de Chine, c’est devenu de nos jours une véritable industrie contrôlée par l’Etat. Les maîtres tisserands jouissent d’une haute considération. Des vêtements en tissus précieux sont confectionnés pour vêtir les divinités dans les temples.
Le choix d’un sari de mariage pour une future épouse donne lieu à une sortie familiale, ils peuvent pour les nantis, faire plusieurs jours de voyage pour choisir un superbe brocart serti de fils d’or ou d’argent comme se rendre tout simplement au marché de coton pour les plus démunis mais le choix se fait toujours avec minutie.
Nous avons aussi été invités chez des artisans pour assister au tissage du coton (le métier à tisser occupant la plus grande partie de la pièce à vivre). Ils sont si fiers de leur travail, quelle belle leçon de vie ! L’Inde arrive toujours à nous séduire !