Des gravures simples aux bronzes des grands temples, des icônes aux dessins, l’héritage artistique de l’Inde est fabuleux !
La conception hindoue dominante de l’esthétique tire son origine du NATYASHASTRA, ouvrage attribué au sage Bharata. Le Natyashastra s’intéresse aux neuf grands sentiments éprouvés par les humains : la joie, le rire, la peine, la colère, l’énergie, la peur, le dégoût, l’émerveillement et la quiétude. La littérature associa ensuite ces sentiments avec leur propre quintessence (rasa) soit l’érotique, le comique, le compatissant, le furieux, l’héroïque, l’effrayant, le détestable, le merveilleux et le paisible. Toute œuvre d’art est sans vie si aucune essence ne l’habite. Chaque rasa est représentée par une couleur et une divinité : exemple – Shiva et le blanc sont associés au rasa comique. Dans la culture indienne traditionnelle, les artistes se vident plutôt qu’ils ne s’expriment. La créativité n’est pas le produit d’un égo, mais l’ouverture à l’inspiration divine. L’art domine, l’artiste n’étant qu’un vecteur de perfection esthétique. Ainsi ne sait-on rien des sculpteurs, danseurs et architectes en dehors de leurs créations. La préparation et l’exécution doivent suivre des modèles établis et l’artiste chercher à transcrire la tradition à la perfection. Les instructions relatives aux rituels invocatoires, aux proportions, aux mouvements, aux expressions ou aux rythmes doivent être scrupuleusement respectées. Ce n’est dans les interstices de la tradition, dans son interprétation, que l’on trouvera la nouveauté.
Le Bhararanatya « la danse de Bharata » style de danse classique n’était pratiqué à l’origine que dans les temples, et par des femmes. Aujourd’hui il se pratique sur scène. Précédée d’une invocation religieuse, la danse se divise en deux parties : l’abstraite et la narrative. Dans la première, un ensemble de mouvements très précis crée un espace géométrique et recherche la symétrie pure, on représente un récit par le biais de mouvements et d’expressions reconnaissables. Dans le même temps, on exécute un mélange des deux parties censées provoquer une rasa particulière dans le public. La rigueur de cette discipline suscite une grande créativité au niveau de l’interprétation
Un ensemble de procédures tout aussi strict régulait la sculpture des icônes religieuses. Le sculpteur devait commencer par attendre un jour favorable pour entreprendre ses préparatifs, puis faire tremper sa pierre dans l’urine d’une race de vache censée symboliser l’énergie créatrice de la Grande Déesse. Puis il lui fallait méditer et faire des offrandes avant de pouvoir se mettre à l’ouvrage. Tout était stipulé : proportions du corps, expression du visage, traits emblématiques, etc. Mais cette discipline donna toutefois naissance à la multitude de formes sculpturales que nous reconnaissons comme hindoues. En plus du granite, principal matériau à l’origine, le marbre et la stéatite gagnèrent en popularité avec le temps, en particulier sous l’influence du jaïnisme dans l’est de l’Inde. En outre, à la fin du XIIIe siècle, l’usage du bronze se répandit dans le Sud. Les gravures monumentales ou minuscules (en ivoire ou en santal), illustraient des thèmes religieux ou non. L’art classique prône le respect de la discipline traditionnelle, mais il existe une grande fluidité dans les styles et les expressions.
Avec la sculpture se développa la pratique de l’ornement des murs et des tours de temples, ainsi que des parois des chars de parade des icônes, parmi une infinité de personnages. Des thèmes tirés de célèbres récits sacrés, d’épopées panindiennes et d’histoires locales dominent les gravures. On rencontre également des frises individuelles et des unités représentant des activités englobant toute la vie humaine, animale et végétale Les peintures en général de type narratif, sont souvent consacrées à des thèmes comme la chasse et la vie à la cour.
La danse recèle la même diversité prodigieuse : certaines formes, comme l’Odissi et le Kuchipudi, partagent les racines classiques du Bharatanatya ; d’autres comme le Kathakali, sont des danses-pièces basées sur des récits régionaux, dotées de leurs propres règles de maquillage, costumes et mouvements ; d’autres variations encore, comme le Karthak, incluent des éléments classiques, mais sans grand contenu religieux, du fait du contexte musulman et interreligieux. Quantité de versions populaires existent en Inde, pas toujours mixtes, d’autres pratiquées uniquement lors de fêtes spécifiques, d’autres encore communes à des groupes entiers et pratiquées fréquemment. Ces formes populaires sont, par leur nature, dépourvues d’histoire identifiable, mais leurs origines doivent remonter loin dans le passé du pays.
L’influence de l’islam est tout aussi importante. La culture arabe proscrit toute représentation de Dieu, et cela, allié à l’absence de récits illustrables dans le Coran, contribua à une conception islamique selon laquelle les formes de vie ne pouvaient être représentées. L’art persan contourna le problème en se limitant à des thèmes païens (nature et politique). Idée reprise par les musulmans d’Inde, en particulier les Moghols. Leur peinture était une fusion créative de l’intérêt islamique pour l’activité séculière et de l’utilisation hindoue de l’imagerie symbolique. Beaucoup de styles de peintures se développèrent ensuite en Inde dans la période moderne.
L’art du bijou représentait une grande activité : coiffes, colliers, boucles d’oreilles, anneaux de nez, bracelets, bracelets de chevilles et ceintures. Parmi les plus anciens exemples de bijoux se trouvent ceux des icônes, certains remontant à plus de mille ans dans les temples tamouls, comme celui de Srirangam. Mais aujourd’hui encore, des modèles classiques (l’oiseau à deux têtes par exemple) restent très populaires. Dans le Nord de l’Inde, les motifs islamiques se mêlèrent aux styles hindous pour créer des pièces (or et pierres précieuses), comme l’incroyable Trône du paon, incrusté de diamants, de rubis, de perles et de saphirs, que les envahisseurs persans emportèrent en 1739, puis détruisirent.
Le vêtement traditionnel indien consistait en divers types d’étoffes, tel que le sari, longue pièce de tissu (jusqu’à 8m20) portée par les femmes, habilement enroulée autour de la taille et passée à l’épaule. La plupart des saris sont en coton monochrome, sans trop de motifs ; mais certains peuvent atteindre des sommets d’expressions artistiques (complexe tissage de soie, incrustation de fils d’or, motifs organiques ou géométriques). Tissage et motifs sont encore associés aux cités-temples traditionnelles – Bénarès, Kanchipuram, Lepakshi - d’où ils proviennent Conclusion :
Des
gravures les plus simples aux
bronzes complexes des grands temples, des
icônes
traditionnelles à des dessins plus novateurs qui synthétisent les influences des différentes cultures du pays, l’héritage artistique de l’Inde est fabuleux !