Quoique influencé par la cosmologie védique, le bouddhisme développa son propre système, selon lequel le centre de la terre se trouvait sur le mont Méru, sous son sommet s’étendaient cent trente-six enfers, chacun associé à un méfait particulier. Du sommet, la vue dominait les terres des quatre grands rois : Kubera, Virudhaka, Dhritarashtra, et Virupashka, respectivement maitres du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Au-dessus se trouvaient quarante-cinq domaines, dont celui de Shakra, homologue d’Indra (roi des dieux et du ciel dans la mythologie de l'Inde ancienne). Encore au-dessus, on accédait à la résidence de ceux qui sont parvenus à l’illumination et ont atteint le Nirvana. Cette cosmologie complexe se développa plus en réponse aux attentes culturelles du peuple vis-à-vis du récit mythique qu’en raison des liens avérés avec l’enseignement du Bouddha.
Ce dernier avait critiqué les distinctions de caste et le rôle de l’élite sacerdotale, il exhortait ses disciples, non pas à l’idolâtrer, mais à chercher les solutions à leurs problèmes en se fondant sur leurs propres expériences.
Rien n’y fit, le Bouddha lui-même prit avec le temps une place prépondérante au cœur du Bouddhisme. L’ancienne tradition theravada (Opinion des Anciens) adhérait pour l’essentiel à la conception première, austère, du Bouddha comme celui qui a compris le sens de la vie et l’a enseigné au monde avant d’atteindre la moksha (libération finale) du samsara (cycle des réincarnations). Dès lors, s’il convient de le respecter, il ne sert à rien de prier le Bouddha, puisqu’il a quitté ce monde !
Au début du 1er siècle apparut un nouveau courant, le Bouddhisme Mahayana (celui du grand véhicule) qui développa la notion associée au Bouddha au-delà du Bouddha lui-même. Le Bouddhisme mahayana proposa une mythologie en relation avec les Bodhisattvas (aspirants à la dignité de bouddha qui ont choisi de retarder leur entrée au Nirvana afin d’aider les autres à se libérer du cycle des réincarnations. Deux des principaux furent Avalokiteshvara (le Seigneur qui surveille) dont je vous ai déjà parlé très souvent et Maitreya, future incarnation du Bouddha censée inaugurer la fin de la phase actuelle d’existence de l’univers quand les enseignements du Bouddha se seront dissipés. Malgré la popularité de ces personnages dans le Nord de l’inde et aussi au Népal, le bouddhisme eut à subir l’intense pression d’une religion hindoue naissante qui mêlait parrainage royal, exposition théologique brahmanique et pratiques pieuses populaires. A ce jour il subsiste une part de population bouddhiste qui cohabite avec les hindous sans problème particulier. Les deux s’accordent dans une belle intelligence et liberté de pensée.