L’origine du système des castes en Inde
L’organisation idéale de la société indienne apparait dans le Purusasukta, hymne extrait du Rigvéda qui est un recueil d’hymnes védiques sanskrits, C’est l’un des quatre textes sacrés canoniques de l’hindouisme connus sous le nom de Vedas.
Ce modèle serait propre à saisir la signification de la société changeante et déjà pluraliste, du peuple védique, bien que les avis divergent quant au sens exact de l’hymne. Dans la Purusasukta, Purusha est offert en sacrifice par les dieux. De sa bouche naissent les brahmanes (prêtres) ; de sa tête, les kshatriya (guerriers) ; de ses cuisses, les vaisya (marchands) ; et de ses pieds, les sûdra (servants). Son âme engendre la lune, son œil le soleil, son souffle le vent, sa tête le ciel. Et c’est ainsi que les dieux conférèrent un ordre au monde. Le concept d’ordre est donc présenté comme naturel : les classes sociales font autant partie de la structure du cosmos que les phénomènes naturels et les corps célestes. La division de la société apparait comme un concept puissant dès les premiers temps ?
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Les quatre castes (varna) devinrent héréditaires au fil des siècles. L’idée, approuvée par la religion, d’une société différenciée légitimait l’assignation des groupes à l’une ou l’autre caste. Toutefois, les pressions existaient : les castes de guerriers et des marchands avaient souvent des raisons de remettre en question le contrôle exercé par les prêtres sur le savoir sacré ; dans le même temps, prêtres et guerriers s’alliaient pour assimiler les mouvements religieux qui contestaient leur autorité. En outre, c’est surtout avec les communautés locales (jati) que les gens s’identifiaient. La solidarité s’y exprimait par l’endogamie, des mythes des origines communs ou des pratiques religieuses communes. Chaque jati appartenait à un varna, avec des variations suivant les régions : un groupe pouvait être sûdra quelque part et vaisya ailleurs.
Le statut individuel de ces jati se modifiait constamment au gré des occupations et des circonstances, ce qui offrait une certaine mobilité à tous, mis à part les groupes les plus marginaux et méprisés, exclus du système des castes. Des mouvements tentèrent bien de nier ces différences, du bouddhisme au jaïnisme en passant par les poètes du bhakti (dévotion mystique), qui réclamaient l’égalité pour tous, mais comme les gens recherchaient plus souvent un statut social en tant que groupe, qu’en tant qu’individus, les divisions traditionnelles en sortirent renforcées, bien qu’avec des statuts en constante évolution. Pour chaque civilisation, ce sont les élites qui génèrent les idées et les réalisations ; dans l’Inde ancienne ce rôle revenait aux brahmanes, à la domination intellectuelle incontestée.
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De nos jours les castes sont toujours d’actualité, nous l’avons constaté lors de nos voyages. Cela choque sans doute beaucoup d’entre vous mais c’est leur culture et ils y tiennent. Le pire étant pour les 15 % de la population destinés à des travaux sales, dangereux et insalubres.
Citation : « S’il existe des dalits chefs d’entreprise, et des brahmanes mendiants, la hiérarchie par caste reste vectrice d’inégalités importantes, notamment sur le plan économique. Les premières victimes de ces inégalités sont les dalits, en dépit de l’abolition officielle de l’intouchabilité. De fait, ils sont encore discriminés de façon systémique : ils ont bien plus de mal que les Indiens de caste à accéder à l’éducation et à l’emploi, ont moins de facilité pour acheter des terres. Ils sont par ailleurs plus souvent victimes de discriminations, d’attaques, d’assassinat ou de viol, sans que les responsables ne soient souvent punis. »