La cosmologie indienne propose quantité de récits de l’origine de l’univers. Nombre de ces versions sont unies par trois croyances : l’univers a connu plusieurs formes ; la création est suivie par la désintégration ; toutes deux font partie d’un cycle gigantesque. En résumé : le temps, cyclique, est d’une amplitude inconcevable.

La métaphore classique de cette amplitude est celle du « jour de Brahma », le dieu créateur. Chaque jour de sa vie correspond à 8640 millions d’années terrestres. Le matin, Brahma créa l’univers et le soir après une période de 4320 millions d’années (kalpa-unité de temps dans la cosmologie hindouiste et bouddhiste), il relâcha l’ordre et le chaos reprit. La nuit, il se reposa. Son sommeil dura 4320 millions d’années. Puis une aube nouvelle éclaira le ciel et la Création recommença, avec un nouveau kalpa.

Le kalpa de Brahma se divisait en 1000 mahayuga (grandes époques) chacune contenant 4 yuga (époques). Une époque après l’autre, la qualité de vie spirituelle déclinait progressivement. Chaque période était associée à une certaine couleur. La première, le Kritayuga, période de perfection, dura 1.728.000 ans. Tous les contemporains de cette époque étaient de grands sages. Ils n’avaient pas besoin de travailler, car ils ne connaissaient ni désir, ni peur, ni haine, ni rites religieux, ni maladie. Brahma était alors blanc.

Ensuite vinrent les 1.296.000 années de Tretayuga. La vertu avait décliné d’un quart ! Les hommes perdirent la conviction de leur unité dans la conscience universelle et se mirent à pratiquer le sacrifice et d’autres rites pour retrouver l’état originel. Brahma était alors rouge. Ce fut l’époque des premiers conflits.

La troisième époque fut le Dvaparayuga ; la vertu avait décliné de moitié. Durant ces 864.000 années, les malheurs des hommes s’accrurent et les premières maladies virent le jour. L’humanité était en proie à d’égoïstes désirs et la malhonnêteté fit son apparition. Brahma était alors jaune.

Le Kaliyuga, l’époque actuelle, dure 432.000 ans. La vertu a décliné de trois quarts. La politique s’impose par la force. Les hommes sont touchés par les maladies et les catastrophes naturelles, ils cèdent aux mensonges et habitent des villes surpeuplées. Brahma est noir.

Mais ce cycle lui aussi prendra fin et fera place à un nouveau. La fin ne passera pas par la destruction punitive du monde, elle sera une étape ordonnée dans le temps. Différentes théologies lient la fin de chaque cycle à leur conception de Dieu.

Pour les adeptes de Vishnu, celui-ci viendra sou la forme de Kalki, son dernier avatar, chevauchant un cheval blanc pour annoncer la fin de notre époque. Dans une autre vision, il est Krishna bébé. Couché sur une feuille de basilic blanche, il suce son orteil et attend de sortir de sa rêverie pour recréer le monde. Kalki doit son nom au mot kalka (crasse) qui fait de lui le « pourfendeur de la crasse ». Les fidèles de Shiva voient dans la danse cosmique de celui-ci l’annonce de la naissance et de la mort du monde, formant un cercle par son mouvement dynamique ; entre les cycles, il s’assoit et médite, suspendant le temps, l’espace et la matière.

Ces récits anciens devraient nous interpeller, ne s’approchent-ils pas de notre situation actuelle ?

Peu importe les religions, les dieux et déesses, le nom qu’on leur donne, tout cela est sans importance. Il est grand temps de réfléchir, de se remettre en question et d’agir pour améliorer notre monde. Revenir à de vraies valeurs, le sens de l’éthique, du bonheur et de l’amour. Si vous lisez cet article, c’est que vous en avez déjà pris conscience, et je vous en remercie de tout cœur !