Brahma est considéré comme le grand père des Véda, dieu à quatre têtes, parfois appelé dieu créateur, il est en charge du cosmos !
L’unité et la diversité sont en constante interaction dans la pensée indienne. Dans les plus anciens textes connus, les Véda sacrés (1500-1100 avant J-C), une série de forces de la nature (dont le vent, le feu, le soleil, la lune, la pluie et l’aurore) et de concepts abstraits, telles l’âme et la parole, sont personnifiés sous un nombre infini de divinités, signe de la présence du divin en toute chose. On y trouve aussi une infinité de mondes, chacun occupant un royaume particulier, peuplé de nombreux êtres et objets (des planètes géantes aux créatures minuscules). La vie des hommes est ancrée dans cette réalité plurielle. Toutes ces entités sont reliées par leur nature et leurs actions, contribuant ainsi au maintien d’un ordre cosmique : rita. Ordre cosmique qu’il incombe aux prêtres de recréer et de maintenir par le biais des rituels (en suivant les instructions des Véda).
Les Véda semblent parfois faire remonter l’origine de cet ordre à une source ou un être suprême. Dans les Upanishad, textes légèrement postérieurs (1200-600 avant J-C), l’idée d’une seule source unificatrice de toute réalité apparaît plus clairement. Certains passages présentent le brahmane (l’Absolu) comme un être divin, suprême, créant le monde et l’habitant tout entier, hommes compris ; d’autres passages en font un principe impersonnel de l’être, dont l’existence inexprimable, mais universelle, explique toute chose. En tout état de cause, les Upanishad nous enseignent que le but de l’existence humaine individuelle est de dépasser la diversité apparente de la réalité ordinaire pour mieux tenter de sentir la présence intime du brahmane en soi.
Autre texte sacré, le Rigvéda nous explique que la vérité est unique, bien que les sages en parlent de multiples façons.
A l’origine, les Veda furent composés pour l’élite des prêtres et réservés à elle. Toutefois, le Bouddha et Mahariva, fondateurs respectifs du bouddhisme et du jaïnisme, s’efforcèrent de rendre la compréhension du monde accessible à tous, en réaction à l’ésotérisme des Veda. Tous deux prétendaient que la réalité était d’une variété infinie, source de douleur ; mais leurs avis divergeaient sur les moyens de se libérer de cette douleur. Ces enseignements eurent un impact majeur sur la pensée hindoue.
De nombreux philosophes reconnaissent que le monde de la diversité est celui de la douleur, mais que l’on doit aussi chercher les ressources pour s’en libérer. La Bhagavad-gita, autre texte sacré, nous enseigne qu’il existe plusieurs chemins spirituels pour traverser l’existence : chemins d’actions, de méditation, de cheminement intellectuel et de pur amour pour le divin. Néanmoins, leur but est d’atteindre un état dans lequel l’individu se voit en toute chose et voit toute chose en lui-même, état qui transcende la douleur causée par une distinction égoïste entre le moi et le monde.
Bien que les prophètes soient parvenus à une compréhension du brahmane comme l’être ultime et unificateur, les croyances populaires continuèrent de se répandre dans le culte des nombreuses formes du divin. Les dieux Vishnu et Shiva, en vinrent à être considérés (vers le IVème siècle avant J-C) comme la forme suprême du divin, remplaçant les divinités des Veda. Quantité de dieux étaient reconnus sous d’innombrables formes, mais Vishnu et Shiva, eux prirent l’ascendant et ce jusqu’à posséder leurs propres panthéons. Les anciens cultes de la Déesse Mère et de la Mère Terre fusionnèrent peu à peu pour former la croyance en Devi (divinité féminine) ; mais, là encore, d’autres formes féminines du divin subsistèrent.
Tout en rejetant l’idée de Dieu, le bouddhisme et jaïnisme prirent part à cette joyeuse prolifération des formes. L’islam monothéiste lui-même, arrivé en Inde entre les VIIIème et Xième siècles, entretint des liens étroits avec l’hindouisme pour créer des versions du soufisme dans lesquelles de nombreux saints et des chants infinis servent d’intermédiaires entre l’humain et le divin. La diversité de la vie apparaît encore dans l’idée classique des quatre buts de l’existence humaine (purusharthas) : comportement éthique (dharma), prospérité matérielle (artha), plaisir (kama) et libération ultime (moksha). Bien que cherchant à produire une théorie unique et globale de la vie humaine, les penseurs indiens de la période classique reconnaissaient le fait que les gens pouvaient rechercher d’autres choses, autrement.
Les premières traditions religieuses de l’Inde partagent la présupposition de l’existence d’une longue série de vies (samsara) jusqu’à la libération (moksha ou nirvana). Cette série de vies est sous-tendue par les conséquences de chaque action (karma) que l’on entreprend. Si l’on ne subit pas les conséquences d’une action dans cette vie, une nouvelle est alors nécessaire et ainsi de suite. L’individu apporte dans chaque nouvelle vie les conséquences des précédentes et, en les subissant, en crée de nouvelles ; seule une vie juste et une vraie connaissance de la nature de l’action (pour les hindous, la grâce de Dieu) peuvent libérer l’individu de nouvelles conséquences.
Nous avons beaucoup voyagé en Inde et avons la sensation que rien n’a beaucoup changé, la foi, la ferveur, la prière sont omniprésentes. Des offrandes, des rituels, des sacrifices tout y est. Dans les temples encens, bougies, piécettes et autres sont offerts aux divinités. Si vous avez lu « La Tresse », vous ne serez pas étonné que celle qui n’a vraiment rien à donner, se fera raser la tête pour offrir ses beaux et longs cheveux qui serviront à la fabrication de perruques. C’est le don de soi !